La schizophrénie

La schizophrénie est une maladie qui affecte le cerveau. Elle peut perturber gravement la façon de penser, les sensations, les sentiments d'une personne ainsi que ses relations avec son entourage.

La schizophrénie frappe environ 1% de la population. Elle touche autant les hommes que les femmes. Les hommes ont généralement leur premier épisode de schizophrénie vers la fin de l'adolescence ou au début de la vingtaine. Chez les femmes, la maladie apparaît habituellement quelques années plus tard. Dans la plupart des cas, la maladie évolue de façon si graduelle que la personne atteinte et les membres de sa famille prennent beaucoup de temps à s'en rendre compte. Dans certains cas, il arrive cependant que la maladie se déclenche soudainement.

Les phases de la schizophrénie

La schizophrénie compte trois phases : la phase prodromique (ou début de la maladie), la phase aiguë et la phase résiduelle. Ces phases se succèdent souvent dans l'ordre et par cycles durant toute la durée de la maladie. Au cours de leur vie, les personnes atteintes de schizophrénie peuvent connaître un, deux ou de nombreux épisodes aigus.

  • Phase prodromique

Pendant cette phase, la personne commence parfois à se désintéresser de ses activités habituelles et à s'isoler de ses amis et de sa famille. Elle peut se sentir facilement désorientée, abattue et apathique, avoir de la difficulté à se concentrer, et préférer passer la majeure partie de son temps seule. Des questions religieuses ou philosophiques peuvent aussi devenir de grandes préoccupations. Cette phase peut durer des semaines ou des mois.

  • Phase aiguë

Cette étape se caractérise par des idées délirantes, des hallucinations, ainsi qu'une perturbation marquée des pensées, du comportement et des sensations. C'est souvent la période qui effraie le plus la personne atteinte de schizophrénie et son entourage.

  • Phase résiduelle

Après la phase aiguë, la personne peut se sentir abattue, avoir du mal à se concentrer et se replier sur elle-même. Les symptômes de cette phase ressemblent à ceux de la phase prodromique.

Les symptômes de la schizophrénie se classent dans deux catégories, soit les symptômes positifs et les symptômes négatifs. Les symptômes positifs (aussi appelés « symptômes psychotiques ») sont ceux s’ajoutent à l’expérience normale de la personne, ceux que l’on associe traditionnellement à la schizophrénie. Les symptômes négatifs, moins connus sont une forme de déclin d’une fonction de la personne, une baisse par rapport à son état habituel. Ils vont davantage perdurer dans le temps et sont plus résistants au traitement que les symptômes positifs.

Symptômes positifs

  • Idées délirantes (croyances profondément enracinées et fausses sans rapport avec la réalité ni avec la culture de la personne) ;
    • Exemples :
      • Avoir la conviction d’être sous surveillance policière, malgré l’absence de preuves convaincantes ;
      • Avoir la conviction que des pensées étrangères ont été placées dans son esprit.
  • Hallucinations (une personne entend, voit, goûte, sent ou ressent des choses qui n'existent pas en réalité) ;
  • Pensée désorganisée (pensées décousues qui empêchent la personne de communiquer clairement avec son entourage) ;
  • Comportement désorganisé (incapacité d'accomplir des tâches quotidiennes comme faire sa toilette, s'habiller convenablement et préparer ses repas ou bien des actions bizarres qui ne semblent pas avoir de but).

Symptômes négatifs

  • Diminution de l’expression émotionnelle (diminution de l’expression du visage, du contact visuel, de l’intonation, etc.) ;
  • Baisse de motivation (ex. : difficulté à terminer une tâche ou à planifier à long terme) ;
  • Asociabilité (manque d’intérêt pour les interactions sociales) ;
  • Perte d'intérêt envers les sentiments et la vie des autres ;
  • Ralentissement de l'activité physique, ou, plus rarement, hyperactivité ;
  • Apparence physique négligée.

 

Sans mentionner de cause unique à la schizophrénie, les recherches font ressortir l’importance de facteurs génétiques dans son apparition. En effet, le risque de développer une schizophrénie est plus élevé lorsqu’un membre de la famille proche est atteint de la maladie. De plus, il semble que certains facteurs sociaux et environnementaux influenceraient également le développement de la maladie. Ces facteurs peuvent être en lien avec des perturbations du développement du cerveau durant la période entourant la naissance, la présence d’épreuves douloureuses ou de traumatismes, en particulier durant l’enfance, ainsi que la consommation de certaines drogues comme le cannabis ou les amphétamines. Il importe de noter que ces facteurs ne causent la maladie mais peuvent favoriser son apparition chez les individus ayant une prédisposition génétique.

Le traitement de la schizophrénie se donne soit en consultations externes, soit en établissement. Il combine généralement des médicaments et des interventions psychosociales.

Les médicaments les plus utilisés dans le traitement de la schizophrénie demeurent les antipsychotiques. Ces derniers vont aider à soulager les symptômes, surtout les symptômes positifs, et peuvent aider afin de prévenir une rechute. D’autres médicaments peuvent être prescrits en plus des antipsychotiques. Ces médicaments peuvent être utilisés afin de soulager certains effets secondaires provoqués par les antipsychotiques ou pour traiter des symptômes en particulier, par exemple la dépression, l’anxiété ou l’insomnie.

Des interventions psychosociales et du soutien sont aussi mis en place afin d’aider l’individu aux prises avec une schizophrénie à établir des objectifs et à les atteindre. Parmi les interventions psychosociales utilisées, il est possible de citer la thérapie cognitivo-comportementale et la psychoéducation. L’entraînement cognitif adaptatif, le traitement des troubles concomitants (par exemple, la consommation) et la thérapie familiale sont aussi utilisés.

La schizophrénie se déclare généralement chez les jeunes à un âge où ils commencent normalement à acquérir les compétences nécessaires à leur autonomie (fin de l’adolescence ou début de l’âge adulte). Diverses interventions psychosociales comme la gestion de cas, le « counseling » et les programmes de logement sont utilisées pour faciliter l'acquisition de ces compétences.

Les consultations familiales peuvent aider les personnes et les familles touchées par la schizophrénie à comprendre et à gérer les problèmes associés à la maladie. Il est très important de suivre le traitement prescrit afin d'éviter la rechute.

Il est impossible de prédire comment une personne se rétablira après le déclenchement de la maladie. Certaines personnes se remettent complètement de la maladie, tandis que d'autres ont besoin de médicaments et de soutien toute leur vie. Le rétablissement est davantage considéré comme un cheminement durant lequel l’individu reprend peu à peu du contrôle sur sa vie en s’efforçant de lui redonner un sens, plutôt qu’en termes d’absence de symptômes.

Cette fiche d'information est adaptée du livret La schizophrénie : Guide à l'intention des personnes atteintes de schizophrénie et de leur famille © 1999, Centre de toxicomanie et de santé mentale, ainsi que du DSM-5 – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition.

Source : Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH). La schizophrénie. Disponible sur : https://www.camh.ca/fr/info-sante/index-sur-la-sante-mentale-et-la-dependance/la-schizophrenie